Marine Le Pen, seule rescapée du naufrage du FN
La déroute du Front national, le scrutin de dimanche, pour Marine Le
Pen, avait sûrement un goût délicieux. Jalousée depuis 2002 à
l'intérieur du parti pour l'importance qu'elle a prise dans le
mouvement et pour ses succès médiatiques, décriée pour le résultat de
son père à l'élection présidentielle par tous ceux qui espéraient la
voir descendre de son piédestal, la vice-présidente du FN en est
devenue, par son résultat, la vedette incontestée et inattaquable,
derrière son père. Candidate dans la quatorzième circonscription du
Pas-de-Calais, elle a multiplié les records à l'intérieur du Front
national. Elle est la seule des 577 candidats du FN à pourvoir
participer au second tour, même si ses espoirs de succès sont minces.
Avec 24,26 % des voix, elle est parvenue, dans la conjoncture
désastreuse qu'a connue le mouvement, à améliorer de quatre points le
score obtenu en 2002 par Steeve Briois, désormais son suppléant. Elle
obtient environ six fois plus de voix en pourcentage que la moyenne des
candidats lepénistes ; et se distingue nettement des autres
responsables du FN. Bruno Gollnisch, son rival pour prendre la tête du
mouvement après le départ de Jean-Marie Le Pen, a obtenu 6,95 % des
voix dans le Rhône au lieu de 23,23 % en 2002. Et Carl Lang 11,60 % au
lieu de 24,26 % en 2002.
Il sera donc difficile aux adversaires de Marine Le Pen de lui
contester à l'avenir l'efficacité stratégique. Depuis la
présidentielle, elle répondait aux critiques que le mauvais résultat de
son père à l'élection présidentielle était dû à des facteurs extérieurs
- la méthode de Nicolas Sarkozy - et non pas à la stratégie de « dédiabolisation » : argument qu'elle pourra étayer par son succès personnel.
« Le mensonge doré » de Sarkozy
Et Marine Le Pen a laissé entendre qu'elle briguerait la succession de son père. Certes celle-ci « pour l'instant n'est pas ouverte », a-t-elle dit hier sur LCI, car « Jean-Marie
Le Pen veut se laisser un peu de temps pour organiser justement
l'avenir du Front national dans les conditions les plus sereines
possible ». Mais, le jour venu, a-t-elle expliqué, « chacun
exposera ce qu'il veut faire du Front national, quelles sont ses idées,
quels sont les points de force sur lesquels nous devons appuyer et les
adhérents choisiront celui ou celle qui leur paraît le plus performant».
En attendant, Marine Le Pen a fait valoir que, si elle était élue dimanche, elle serait « un député totalement libre ». « Je voterai, a-t-elle poursuivi,
les lois qui m'apparaissent positives, qui m'apparaissent aller dans le
bon sens et je m'opposerai de toutes mes forces à ce qui ruine notre
pays. Je serai quoi qu'il arrive un député totalement libre. » Une façon de faire savoir que la normalisation continue pour un FN dont elle assure qu'il « n'est pas mort ».
Un FN à propos duquel son président assurait hier qu'il « en avait vu d'autres » et qu'il entendait rester plus que jamais à la barre. « Quand la mer est mauvaise (...) le commandant du navire monte sur la passerelle et prend la barre »,
a déclaré Jean-Marie Le Pen. Le bureau politique du FN, qui s'est réuni
hier après-midi, a fixé aux 18 et 19 novembre 2007 à Bordeaux le
prochain congrès du mouvement, lors duquel Jean-Marie Le Pen briguera
un nouveau mandat de président. Il a expliqué le résultat de son parti
par le fait que « les Français n'ont pas voulu la vérité » et ont préféré « le mensonge doré » des promesses de Nicolas Sarkozy « à la réalité froide » décrite par le FN. Ce sont donc des raisons « externes » qui expliquent « l'échec », la « défaite » du FN
Source Le Figaro
Info en continu et en direct sur les elections legislatives 2007 ici