François Bayrou : À peine né, le MoDem joue déjà sa survie
La défaite amplifie la défaite. Malgré l'excellent score obtenu le
22 avril au premier tour de la présidentielle, François Bayrou en fait
la cruelle expérience. En 2002, il avait déjà subi l'exode massif des
notables de l'UDF vers l'UMP, derrière Philippe Douste-Blazy, Pierre
Méhaignerie et Jacques Barrot. Cette année, en dépit de ses 18,57 %, il
n'a pu que prendre acte du départ de la quasi-totalité des députés UDF,
ceux-là mêmes qui lui étaient restés fidèles il y a cinq ans.
Aujourd'hui, le président de l'UDF paraît se résigner à ne pas avoir de
groupe dans la prochaine Assemblée nationale, alors que ceux qui ont
rallié le Nouveau Centre devraient pouvoir en former un. Les temps sont rudes pour François Bayrou et pour son Mouvement
démocrate, le MoDem. Certes, ce nouveau parti, appelé à dépasser l'UDF,
trop marquée à droite, connaît un certain succès d'estime, avec quelque
77 000 pré-adhésions par Internet. Mais les sondages pronostiquent
invariablement un vague bleue et n'accordent au MoDem qu'une toute
petite poignée de députés. Bien loin des vingt qui sont nécessaires
pour former un groupe.
Le MoDem a investi quelque 535 candidats, soit un record pour le parti
centriste, qui traditionnellement passait des accords avec le RPR, puis
avec l'UMP, en vue de candidatures uniques dès le premier tour. Pour
atteindre ce chiffre, avec à la clé une part du financement public, les
centristes ont dû renouveler très largement les cadres, se rajeunir, se
féminiser, s'ouvrir vers les écologistes de Cap 21, le mouvement de
Corinne Lepage, et des Verts en rupture de parti. Contre mauvaise fortune bon coeur, ces candidats multiplient les
initiatives festives. Notamment à Paris, où Mario Stasi a descendu la
Seine sur un bateau arborant fièrement la couleur orange, avec
banderole et drapeaux. Venue des Verts, Violette Baranda a organisé un
lâcher de ballons, Grégory Perrin, une course de fauteuils roulants
pour sensibiliser à la problématique du handicap. 25 000 fleurs orange
ont été distribuées dans tout Paris à l'occasion de la Fête des mères.
Candidat à Fontainebleau, le prince Charles Napoléon fait la tournée
des villages avec son véhicule publicitaire, la « Napomobile ». Dans
l'Oise, Olivier Riquet fait le tour de sa circonscription à vélo.
« Un certain équilibre »
François Bayrou sait bien que ces législatives arrivent au plus mauvais moment pour lui, avec un mode de scrutin qui, dit-il, est « fait pour empêcher la représentation des minorités ». Son espoir, c'est que le MoDem trouve sa place lors des prochaines échéances électorales, notamment les municipales de 2008. L'examen des résultats du premier tour montre, même s'il est vain de calquer une élection sur une autre, que l'UMP pourrait perdre certaines mairies de grandes villes si l'UDF faisait alliance avec les socialistes. C'est aussi vrai à Paris et à Lyon, où, faute d'accord avec le MoDem, l'UMP aura le plus grand mal à reconquérir la mairie.
Candidat dans les Pyrénées-Atlantiques, François Bayrou mène aussi campagne pour les siens. Hier, il était en Bretagne, aujourd'hui, il se rend en Alsace et dans le Nord, demain, il ira soutenir Marielle de Sarnez dans le XIVe arrondissement de Paris et tiendra une réunion publique au Gymnase Japy, avec l'ensemble des candidats parisiens du MoDem.
Partout, son discours est le même : « Un pays est mieux armé si tous les pouvoirs ne sont pas entre les mêmes mains, s'il y a un certain équilibre. » L'ancien candidat à l'Élysée insiste sur la nécessité d'élire « des députés indépendants, capables de dire oui quand les projets de loi iront dans le bon sens, et de dire non quand ils ne seront pas bons pour la France ». François Bayrou reconnaît que cette nouvelle bataille est « extrêmement difficile ». Mais, dit-il, « il faut se battre pour ses idées et pour ses valeurs. Le fond de ce combat, c'est le pluralisme ».
Source Le Figaro
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