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elections legislatives 2012 - Rèsultats - Sondage - Députés par circonscription
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3 juin 2007

Elections législatives Nice : l'UMP peut s'offrir le luxe de primaires


C'EST une circonscription pour les professeurs de sciences politiques. Un laboratoire, un cas d'école, un précipité chimique de la présidentielle de 2007. Ou comment dans la première circonscription de Nice, celle de la vieille ville, qui mêle quartiers huppés du Mont Boron (Elton John y a une villa) et cités HLM du Bon Voyage, où le Parti communiste régna pendant des décennies, appuyé sur les dockers du port et les ouvriers de la manufacture des tabacs, où Jean-Marie Le Pen flirtait avec les 30 % de suffrages en 2002, Nicolas Sarkozy rafla 39 % des voix au premier tour, et 63 % au second. Le hold-up du siècle. Un tremblement de terre. Un tsunami qui a tout emporté. Plus rien ici ne sera jamais comme avant.

 

Pour une fois, cette phrase tant entendue en politique a un sens. Les législatives en sont cul par-dessus tête. Jérôme Rivière, le député sortant, a été sorti. Par les instances de l'UMP. Son crime ? Il fut le président du comité de soutien de Philippe de Villiers. Il n'a pas hésité à vitupérer le candidat Sarkozy, qui incarnait pour lui « la droite molle ». Mais après tout, de l'autre côté du spectre politique, cela n'a pas empêché Bernard Kouchner de devenir ministre du président Sarkozy.

 

Mais voilà : à l'UMP, beaucoup - Jean-Claude Gaudin en tête - reprochaient à Rivière son comportement de marginal, de ne pas avoir payé ses cotisations au parti, par exemple, et « d'avoir trahi tout le monde », depuis son entrée en politique, il y a vingt ans, aux côtés de François Léotard.

 

Alors, l'UMP a investi Éric Ciotti, collaborateur depuis vingt ans de Christian Estrosi, président du conseil général des Alpes-Maritimes, et sarkozyste de toujours. Entre les deux candidats, la guerre est sans merci. La guerre des tracts, des affiches, des prétoires mêmes. On se traite mutuellement de parachuté. Rivière rappelle ses états de service de député, tandis que Ciotti arbore fièrement la plaque de son grand-père, quincaillier dans le vieux Nice. Rivière sonne la charge : « Lui sera la voix de Paris à Nice ; moi, la voix de Nice à Paris. »

sarkozy

 

L'ouragan Sarkozy

 

Surtout, c'est à celui qui fera preuve du sarkozysme le plus enthousiaste. Mais Ciotti cette fois a l'avantage : « Rivière soutient peut-être Sarkozy ; moi, c'est Sarkozy qui me soutient. » Et d'exhiber une lettre manuscrite d'encouragement écrite par le nouveau président.

 

En vérité, Rivière ne s'attendait pas à cette primaire ; il espérait que Villiers, rallié à Sarkozy entre les deux tours, demanderait au président le « pardon » de Rivière ; or, Villiers l'a laissé choir. Pour Ciotti, la surprise est aussi grande ; trois jours avant sa désignation, il ne savait pas qu'il serait candidat. Le baptême du feu électoral est toujours difficile.

 

D'autant plus que la droite niçoise est morcelée et que les candidatures dissidentes se multiplient. Ciotti est observé comme le missile d'Estrosi pour détruire toute opposition à son patron, dans la perspective des municipales de 2008, et ce même si Estrosi, confortablement installé à la tête de son conseil général, nie toute ambition de succéder à un Peyrat, très impopulaire, mais qui entend bien ne pas lâcher le manche. Alors, Rivière rameute tous ceux qui, en sous-main, veulent faire barrage à Estrosi sur la ville.

 

Cette balkanisation de la droite niçoise aurait dû réjouir le patron de la gauche locale, Patrick Allemand. Pourtant, le fringant premier vice-président du conseil régional de PACA n'a pas du tout le coeur à se réjouir. Il est même atterré, abasourdi. Par le résultat de la présidentielle.

 

L'ouragan Sarkozy a en effet détruit son travail de dix ans, au cours duquel il avait conquis pour la gauche, dans cette circonscription, trois cantons sur quatre. L'effondrement du Front national le ruine, comme un rentier victime d'une spéculation hasardeuse. L'électorat populaire, celui qui gagne entre 1 000 et 2 000 euros par mois, exaspéré par l'assistanat, s'est détourné de la gauche. Le candidat du Front, Rémy François, douché par le recul de Le Pen, mène une campagne en demi-teinte. Sans y croire, Allemand mise tout sur la division de la droite. Il espère que Rivière parviendra à se maintenir au second tour, et qu'alors les électeurs du Front national, séduits par le discours très musclé du villiériste, qui n'a pas hésité à appeler à une alliance avec le FN, empêcheront Ciotti de rassembler tout son camp.

 

Pour éviter ce cas de figure, Ciotti privilégie le combat droite-gauche contre le socialiste, d'où il est sûr de sortir grand vainqueur. Il essaie de banaliser sa circonscription, afin qu'elle ressemble enfin à toutes celles de la ville de Nice et, au-delà, du département des Alpes-Maritimes, où la droite triomphe, où le seul nom de Sarkozy agit comme un sésame magique.

 

Car, partout, c'est le même spectacle. La droite peut tout se permettre, même les guerres picrocholines. Dans la deuxième circonscription, celle dite « du maire », depuis que Médecin, Barety et Peyrat en furent élus, avant que Mme Morland-Militello en hérite, on voit s'affronter huit femmes, dont plusieurs de droite. Sans risque. Même Rudy Salles, qui a fait une campagne enthousiaste pour Bayrou, ne craint rien dans la troisième circonscription. Rejoignant la majorité présidentielle entre les deux tours, il a reçu « le pardon ». Et a été assez habile pour conserver des relations courtoises avec son ancien champion qui, magnanime, ne lui a pas dépêché de candidat du MoDem contre lui. Un coup parfait. Ainsi va la vie électorale à Nice, dans le meilleur des mondes sarkozystes.

Source Le Figaro

Info en continu et en direct sur les elections legislatives 2007 ici

 

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